Mes projets de marche itinérante sur le "camino de la plata" ayant du être reportés pour cause de pandémie, je me suis rabattu sur des chemins de France. Je suis donc parti le 4 juillet en direction du chemin de Stevenson, GR70. Ce chemin suit le parcours de l'écrivain écossais Robert Louis Stevenson (1850-1894) ( ("L'île au trésor", "L'étrange cas du docteur Jekill et de M. Hyde",...) décrit dans son livre "Voyage avec un âne dans les Cévennes" reconnu comme un des premiers ouvrages de littérature de voyage. En 1878, Stevenson est parti avec son ânesse Modestine du Monastier sur Gazeille (43) pour arriver à Alès (30). J'ai augmenté cet itinéraire de 12 jours en partant de Sainte Eulalie (07) et en arrivant à Sampzon, dans les Gorges de l'Ardèche. J'ai choisi de partir en autonomie, avec tente et réchaud ce qui augmentait le poids du sac à dos pour atteindre environ 20 Kg lorsqu'il était plein (3l d'eau, nourriture). J'ai encore fait de belles rencontres, en premier lieu Caty et Dirck qui m'ont invité dans leur mas au dessus de Bessèges (30) et chez qui j'ai fait une journée de repos. Mais aussi Alex et Pauline, qui m'invitent au Canada, les 3 filles, Chloé, Audrey et Sarah, les 2 jeunes Tanguy et Greg et d'autres encore, comme Vincent et sa cabane. Voici un résumé en image de ce parcours d'environ 320 Km.
Mon parcours et celui de Stevenson. Le GR70 est assez physique (surtout avec 20 kg sur le dos!), enchainant les dénivelés, descentes dans les vallées et remontées raides dans les montagnes.
Départ au pied du Montfol et du Gerbier de Jonc à Ste Eulalie (07). Ici sur la route allant au Béage.
Très bon accueil au Tartines de Modestine à l'Herm. Les marcheurs peuvent dormir dans une yourte ou planter leur tente.
Moment intense d'émotion devant la majesté de cet espace immense au sommet de Finiels (1699m) point culminant du Mont Lozère. Arrivé tôt le matin j'ai pu respirer fort cet instant. C'est dans des lieux comme ça que je ressens le plus fort la liberté.
Moment détente à Pont de Montvert avec Chloé, Audrey et Sarah (parti se baigner dans le Tarn) rencontrés quelques jours plus tôt.
Peu à peu les paysages changent. Les moutons remplacent les vaches. Sur la route de Bédouès et Florac
Midi. À la cabanne de Vincent à St Julien d'Arpaon. Un lieu apaisant tenu par une personne très sympa. Un bon saucisse-frites et des prix raisonnables (enfin!). J'ai trouvé les prix des hébergements en gites très exagérés sur ce chemin. Plus chers que sur les chemins de Compostelle en France. Quant à les comparer avec les tarifs espagnols, c'est se faire du mal! Aussi les jeunes marcheurs sont tous en tente.
Entre St Julien d'Arpaon et Cassagnas le GR suit une ancienne voie férrée magnifique en longeant la rivière (la Mirmante) et avec des passages de tunnels
Magie de l'itinérance. Je retrouve Greg et Tanguy avant d'arriver à St Jean du Gard. Nous avions passé une belle soirée au début du parcours à l'Herm sans nous revoir après. Ils s'arrêtaient à St Jean. Tanguy veux partir sur le Camino del Norte, chemin de Compostelle, dont je lui avait parlé longuement.
J'ai quitté le Stevenson, le GR70, pour remonter en Ardèche en passant par Cendras et Béssège (30). Ici dans les anciennes mines de la région de la Grand Combe (où mon grand père avait été mineur avant la guerre 39-45).
Arrivée chez Caty et Dirck, rencontrés sur le chemin et qui m'avaient offert de m'arrêter chez eux en remontant. J'y suis resté un jour de plus. Je pourrais y être encore tant ce lieu avec ces personnes là respirent la joie, l'éternité. Bref j'étais si bien....Nous étions 12 à tables le soir de mon arrivée et c'était comme si nous nous connaissions depuis toujours.
Dirck m'a emmené jusqu'à St Paul le Jeune (07) le matin du surlendemain. Grosse chaleur en Ardèche devant le rocher de Sampzon.
Point final devant les gorges de l'Ardèche à 15 mn de voiture de chez moi. Très très grosse chaleur et descente interminable. Mon pote Thierry est venu à me chercher.
Tant de choses vécues en si peu de jours (16 jours). Un très beau chemin. Au commencement de mon parcours j'ai eu un peu peur de manquer de rencontres en voyageant ainsi en autonomie, un peu à l'écart. Mais je ne pourrais jamais oublier ce week end chez Caty et Dirk, la tarte au citron de Margaux, mes nuits dans leur tipi et nos échanges, nos confidences, les rires. Les voyages à pied en itinérance provoquent ces moments là, et c'est une richesse dont je ne pourrais jamais me séparer.
Le "Stevenson" frôle l'Ardèche mais peu d'Ardéchois y vont. Je les encourage à le faire. L'aventure n'est pas forcément au bout du monde et si nous voulons protéger notre planète, nous devons réapprendre à la vivre sans prendre l'avion. L'aventure c'est s'ouvrir au monde, même le plus proche de nous, c'est, surtout, s'ouvrir aux autres....