Mes parents sont très conservateurs!. En rangeant la bibliothèque je suis tombé sur "Idées Moires", mon premier livre, un petit recueil de poésies publiée en 1988. À l'époque j'étais plus intéressé par les mots que par l'image. Je vivais à Paris et je m'évadais en écrivant. Je participais au Cercle des poètes à Paris. J'en ai été lauréat.
Les poèmes sont très différents de ceux que j'aime écrire maintenant. Je sens encore beaucoup l'influence de Prévert, même si celles de Rimbaud, Thiefaine ou Bashung commençaient à se profiler. Je n'ai pas détesté relire ces écris de jeunesse. J'ai revu des images, des lieux, des personnes qui dansaient autour de moi. Il y a même quelques passages "prémonitoires" comme ce poème "Rêveries matinales d'un photographe solitaire".
Ci-après, le poème "Lundi" tiré du recueil.
Tiré de "IDÉES MOIRES", 1988....
LUNDI
J’ai dormi à l’autel de l’église
dans les bras d’une nuit d’été agitée
à la lune féline.
Le petit matin
aux cordes vocales enrhumées
m’a trempé mon pain
dans mon petit déjeuner.
Au côté de Saint Christophe
j’ai connu un junkie
pas de ceux qui ont vu New York
mais qui répétait d’une voix monocorde
et sans conviction :
« S’il pleut à la Saint Médard
on n’aura plus de pétards
à moins que la Saint Barnabé
nous emmène l’herbe à nos pieds »
C’était Lundi
et je m’impatientais sous ce comptoir
à attendre le vendredi
qui, comme toujours,
n’était pas à l’heure
Un mélange de baba cool et de punk
est venu reluquer mes yeux
pour voir s’il restait des miettes.
Avec ses bas résilles sous son jean déchiré
elle m’a attiré vers le bord
des gorges de l’Ardèche
quand, soudain,
sous le Pont d’Arc endormi
elle a plongé nue dans un délire
de verbes, de maux,
d’herbes et de roseaux.
C’était lundi
et j’étais désormais
seul
à l’arrêt de bus
à attendre le vendredi
qui était encore en retard.
Je suis reparti
faire quelques brasses dans mon lavabo
en attendant l’avion, le bateau,
le train de vie
qui m’emmènera au plus vite
aux portes du vendredi.
Ouf ! C’est fini !