MON CHEMIN DE COMPOSTELLE: Camino del Norte, Camino Primitivo, Camino de Fisterra.
Du 2 avril au 19 mai 2019.
Que dire après cette première expérience de longue marche, 40 jours et 1000 bornes ? Ce n'est pas un "exploit" que j'ai envie de partager: j'ai rencontré des gens qui venaient de beaucoup plus loin, et, surtout, j'étais porté par un ange!. C'est juste l'envie de partager l'amour du chemin, d'une certaine liberté.
Les mots pour décrire cette première expérience n'existent pas. C'est tout un mélange qui emmène une belle richesse, une grande humilité. Beau prétexte que cette page sur mon blog pour que je puisse suivre encore les flèches jaunes et coquilles, rester encore un peu dans ces montées et descentes, sous la pluie et dans la boue du Pays Basque, pour contempler les falaises de Cantabrie et ses petits ports, pour entrer dans le brouillard des montagnes des Asturies et être au dessus des nuages, pour redescendre à travers les chemins et les forêts d'eucalyptus en Galice, pour atteindre Santiago de Compostella et ressentir la joie puis repartir avec ma "Monchilla" (Sac à dos en espagnol) vers Finisterra (Fisterra en galicien) et pleurer comme j'ai pleurer au kilomètre zéro, devant l'immensité de l'océan. Et aussi pour me marrer, discuter, échanger, surtout en anglais, parfois en espagnol et rarement en français avec Rudolf le hollandais conteur, Jo le texan, Stef et Lina, Uli et Marco les allemands (nombreux sur le camino del norte), Micha, le tchèque, puis Juan-Jo de Valencia, Ana de Kiev, le rire de Bodjena la slovaque, Silvio, Pierra et Carmen de Milan et avant tout une vraie amitié avec Andrea, l'italien de Bologne qui a fini sur un pied! Et je ne pourrais jamais oublié l'amitié et la confiance de Edurme et Sergio qui m'ont permis, après mon arrivée à Fisterra, de pouvoir faire une très belle expérience d'hospitalero" (hospitalier) dans leur superbe auberge de pèlerins à Amandi, près de Villaviciosa sur le Norte, où j'ai pu accueillir des dizaines de nationalités pendant une semaine. Une autre façon d'être sur le chemin. Je reviendrai à Amandi. Je repartirai
Je vous laisse devant tout ça, et, encore, je me suis limité!...
Clic sur l'image pour l'agrandir...
carte des chemins de Compostelle en Espagne. En bleu: mon chemin: environ 1000 km et 40 jours avec 3 arrêts de 2 jours à Bilbao, Oviedo et Santiago.
Depart de l'auberge de Socorro à Bayonne avec Antonio, espagnol qui allait faire le camino du Baztan, au Pays Basque.
Après 2 jours seul me voici à l'auberge des pèlerins d'Irun où nous sommes une vingtaine. Le lendemain: première montée du chemin: le Jaizkibel pour dominer Irun.
Castro-Urdiales. L'auberge était pleine. Je me suis rabattu sur une pension.Avec vue sur le port, un samedi soir...! Mais au petit matin, le ciel couleur grenadine me captive un long moment
Paysages de Cantabrie. Des falaises. Partie cachée: les nombreuses parties asphaltées qui font encore plus apprécier les instants natures quand ils se présentent !
Pause thé à la petite auberge hongroise de Rita et Karcly à San Miguel de Memelo. Un bon moment. Des anciens pèlerins qui ont ouvert cette auberge en septembre dernier après avoir tout quitté dans leur pays. Elle était dans la finance et lui militaire.
À Güemes à l'auberge du padre Ernesto. Exceptionnel. Et le personnage magnifique avec une grande richesse de vie.
Santillana del Mar. "Plus beau village d'Espagne" selon Sartre. Comme dit Ruffin dans son livre: "on se demande bien ce qu'il foutait là". Moi je n'y ai pas fait long feu: trop de monde le dimanche sous la pluie!
Nos chemins se séparent ici avec Gabriele, italien avec qui je marchais depuis 2 jours et qui m'a donné de bons tuyaux pour la suite du chemin qu'il avait déjà fait l'an passé.
Et là, mon esprit se dit: " 'Pourrait faire une belle auberge pour pèlerins cette maison à vendre"....Un ange passe
Derniers jours en Cantabrie, avec Micha et Uli, allemande (un vrai bonheur tous les 3) et sur la côte. Maintenant c'est décidé: je quitte le camino del Norte (ou camino de la costa) et je passerai par le Primitivo. Plus difficile mais plus nature.
AMANDI: Quel surprise!. Les bienfaits du chemin. Sergio et Edurme, quelles belles personnes!. Du coup j'y retournerais après mon arrivée à Fisterra, pour faire "hospitalero" dans leur auberge pendant une semaine avant de rentrer en France. Merveilleuse complicité avec ces nouveaux amis.
Croisement des 2 caminos: Camino de la Costa en passant par Gijon et Camino Primitivo (parce que le premier chemin du pèlerinage de Compostelle) par Oviedo. Pour moi c'est à gauche!
Monesterio de Valededios des soeurs benedictines. Un oasis de paix et de plénitude. Notez le Christ de la chapelle: il n'est pas montré mort sur la croix mais au contraire il ouvre les bras.
Voilà, ils m'ont même mis la date du jour. Un jour de relâche ici. Question de visiter cette vieille cité d'où est parti le premier pèlerinage et de passer par un magasin de sport pour me préparer aux montagnes d'Asturies et leurs dénivelés.
Une ville d'art aussi, Oviedo. Quelques personnages croisés dans les rues et parcs (Mafalda, Woody Alen) et des couleurs
Auberge de San Juan à la sortie de Grado. Domingo, l'hospitalero inscrit et conseille. Face à lui, qui ne parle que l'espagnol: une hollandaise, une ukrainienne et une hongroise (qui parle 5 langues)
Pause bar: avec une hongroise, un belge, une suissesse, un hollandais et une ukrainienne et...le français qui prend la photo!
À la superbe auberge de El Texu à La Espina avec le tatouage de Thomas l'allemand que je ne reverrais plus.
À partir de là ça va se durcir. Je vais faire les dernier 8 jours avec Andrea, italien. 8 jours d'une très grande amitié comme si elle avait toujours existé. J'aime marcher seul mais avec Andrea nous avions tant besoin de se livrer un peu. Et puis quand l'un de nous deux voulait marcher un peu seul, l'autre le sentait et s'effaçait naturellement. Pourquoi cette amitié aussi incroyable qu'inattendue ? Je répondrai ce que Montaigne disait de son amitié avec La Boétie: "Parce que c'était lui. parce que c'était moi". Ciao Andrea
Passage des Los Hospitales, points culminants de mon parcours avec 800 m de dénivelé. Et dans le brouillard. Usant. Andrea a, à peu prés, le même pas que moi mais la montée a été longue....
Musée d'ethnographie de Grandas des Salimes (1,50€ l'entrée). Epicerie et classe d'école des années 50.
Voilà! Je passe en Galice, Santiago se rapproche...Je ne peux pas dire si j'en suis heureux ou déjà malheureux.
Premier bar de Galice avec Andrea et Juan-Jo.À Fonsagrada nous gouterons pour la première fois, mais pas la dernière, à la spécialité locale, le poulpe.
Avec Andrea on rencontre, au dessus des nuages, Bodjena et Anna, 2 jeunes slovaques pleines de vies et de rires.
Bodjena à l'auberge de Lugo. Et ce "La vie est belle". Elle me rappelle tant mon ange....Un vrai soleil !
Andrea du temps où il était l'ami des chiens. Quelques étapes après, sur une variante peu fréquentée, il se fera mordre par un chien de ferme hargneux et pas habitué aux vagabonds.
Lugo. Très belle ville avec une enceinte de l'époque romaine et située au kilomètre 100. Avec Andrea nous avons choisi de prendre une variante le lendemain en laissant ceux et celles rencontrés sur le Primitivo. Mais en se promettant de se retrouver à Santiago.
Sur la variante (marquage flèches vertes au lieu de jaune sur le chemin officiel). Superbe, désert et superbe. Etapes un peu longues (30 km et plus) mais trop beau, trop bon avec très peu de pélerins, heureusement car il y a peu d'hébergements sur ce chemin.
Les pieds d'Andrea montrent des signes de fatigue en grossissant chaque jour!. Du coup Je lui ai proposé mes sandales. Je fais du 45 et lui 43 mais il était mieux et les a porté 2 jours dans des chemins parfois boueux!. Andrea, son pied et son genou rendront les armes 2 étapes avant l'arrivée. Il prendra le bus entre les 2 dernières étapes mais mettra un point d'honneur à rentrer dans Santiago en marchant et il fera les 4 derniers kilomètres ainsi, sous la pluie battante. Je le rejoindrai devant la cathédrale.
J'ai laissé Andrea, ses ennuis physiques et sa déception, à l'arrêt de bus d'Arzua où je rejoins le camino Francès, l'autoroute des chemins de St Jacques, le plus fréquenté. Moment de peur pour le pèlerin qui arrive du Primitivo plus tranquille. Aux marcheurs aux gros sacs à dos, ceux qui sont partis de St Jean Pied de Port, s'ajoutent les innombrables curieux ou promeneurs de 3 jours, celles et ceux que ne font que les 100 derniers kilomètres pour avoir droit à la Compostella, parchemin remis à St Jacques. Ça fait beaucoup de monde!
Sur le camino Francès dans les 2 dernières étapes avant Santiago. Beaucoup d'auberges qui proposent toute la journée, Tortillas, bocadillos(sandwich), cerveza, cafè con léché, zumo de naranjas (jus d'orange pressées), et un abri de la pluie. Les bornes de décompte se parent de graffitis et citations dans toutes les langues (ici en Français: "Va vers toi même" et le prénom Nina). Quant aux eucalyptus ils m'auront accompagné depuis la Cantabrie.
Arrivée devant la cathédrale sous la pluie. Joie, photos, retrouvailles. Un stop d'un jour pour faire un peu de visite, chercher la Compostella, laisser passer la pluie et derniers moments avec Andrea avec qui je continue à communiquer par SMS ou mail avec notre mauvais anglais mais on se comprend très bien.
Et le samedi: grand beau temps. Je repars seul vers Finisterra (dire Fisterra). Derniers regards sur la cathédrale de Santiago. Je ne sais pas encore que ce que je vais vivre pendant ces 5 derniers jours sera le plus intense, le plus intérieur, le plus émotionnel, le plus beau de mon parcours
Beaucoup moins de monde sur cette partie, optionnelle. Mais je croise parfois des pèlerins en sens inverse, qui reviennent de Fisterra à pied vers Santiago. Dur de laisser le chemin aussi pour eux.
Croisement Fisterra et Muxia. J'ai choisi les 2 !. La plus part vont directement à Fisterra. D'autres, comme moi, préfèrent prendre le temps et aller à Fisterra en pensant par Muxia, en longeant la côte déchirée.
Passage à Murxia où il y a également une borne kilomètre zéro. Denis, un français rencontré la veille à la superbe auberge de Grixe a finalement décidé de poursuivre plus loin. On se quittera un peu plus loin pour se retrouver au repas du soir à Fisterra
Arrivée à Fisterra que je traverse pour aller directement vers le phare, au kilomètre zéro, point le plus à l'ouest de l'Europe continentale, 3 kilomètres et demi plus loin et plus haut. Mais je ne sens pas mon sac. Je me sens comme porté. Porté par un ange! et y a plein de gens que j'aime dans ces derniers pas. Une éclaircie arrive petit à petit au même moment...j'entends une langue anglaise qui dit qu'on a de la chance!. Et s'il n'y avait pas de hasard....?
Purée que c'est fort comme sensation. Et là ce n'est que le début. Après cette photo je suis allé m'isoler plus loin sur le rocher....longtemps, très longtemps, encore plus longtemps....et devant...il y avait l'océan et des fleurs blanches!
Dernier Café con léché à Fisterra avec encore un signe du chemin en forme de coeur. Puis c'est 3 heures de bus pour revenir à Santiago....